UNE ABBAYE DANS LA FORET

Que l’on ne construise aucun monastère dans les villes, les bourgs et les domaines ruraux.


Ainsi, comme le dicte la Règle de Saint Benoît, les Cisterciens s’installèrent à l’écart des villages. Cette recherche du “Désert” revêt chez les moines blancs une réelle valeur poétique qui transcende le quotidien. Bernard écrira lui-même à l’abbé de Vauclair, en 1138 : “Tu trouveras quelque chose de plus dans les bois que dans les livres. Les arbres et les rochers t’enseigneront ce que tu ne peux apprendre d’aucun maître.”

 

Au début du XIIe siècle, la Forêt de la Béssède est un “désert”, refuge de nombreux ermites qui ont choisi de fuir le monde pour consacrer leur vie à
la prière et à la méditation. En 1115, Géraud de Salles décide de réunir ces ermites pour fonder une abbaye dans le vallon du Bélingou.

 

Le bois, l'eau, le fer

 

Les moines ont pu canaliser les ruisseaux pour disposer de l’eau indispensable à leurs besoins agricoles et domestiques. Protégés par la forêt de la Béssède, ils
ont profité de ses ressources : bois, charbon de bois, minerai de fer, fruits, miel...
Ainsi, ce site garantissait aux moines les ressources nécessaires pour assurer leur autonomie, indispensable à la pérennité de la communauté.

 

En effet, dès le XIIe siècle, les moines cisterciens sont à la pointe de l’innovation dans le domaine de la métallurgie. L’oxyde de fer (fer + oxygène) est un minerai d’extraction facile et particulièrement présent dans les bois environnants. Les moines récoltent des minerais épars sur le sol des champs et exploitent des gisements proches de la surface. La forêt fournit le bois de chauffe et le charbon nécessaire au fonctionnement des forges.


La maîtrise de l’eau entrainera très tôt l’utilisation du marteau et du soufflet hydraulique, permettant ainsi aux moines forgerons de frapper des pièces métalliques plus importantes et de monter les fours à des températures plus
hautes. Grâce à la domestication des énergies, c’est une réelle industrie métallurgique qui se développe au sein de l’ordre de Cîteaux, et notamment dans la forêt de La Béssède, à Cadouin..