Cadouin : une abbaye cistercienne en Périgord

Cadouin est une abbaye fondée en 1115 par Géraud de Salles.(voir ci-dessous l' article d'André Delpech) Située dans le vallon du Bélingou, près de la Dordogne, à l'écart de toute habitation, l'abbaye est protégée du monde par l'épaisse forêt de la Bessède qui l'entoure.

Depuis quelques années Géraud de Salles et ses disciples vivent en ermites dans ce vallon. En 1115, à l'initiative de Robert d'Arbrissel, Géraud de Salles fonde officiellement l'abbaye de Cadouin. En 1119 elle est la première abbaye à être affiliée à l'ordre cistercien qui ne compte alors que quelques filles de l'abbaye de Cîteaux, fondée en 1098.

Dotée de terres, de moulins, de rentes... par les puissants seigneurs du voisinage, l'abbaye s'enrichit rapidement et les travaux de construction des bâtiments commencent rapidement. En 1154 l'église abbatiale est consacrée par l'évêque de Périgueux.

Jusqu'au départ des derniers moines en 1791, l'abbaye de Cadouin va connaître un destin exceptionnel.

 

 

 

L'église 

L'église abbatiale de Cadouin est une église romane de trois nefs avec quatre travées voûtées en berceau brisé. Elle est consacrée en 1154.

La façade occidentale, à la saintongeaise, se présente comme un grand mur austère et massif, avec un porche à quatre rouleaux en son centre, trois grandes baies, en plein centre et plusieurs arcatures aveugles. L'intérieur est marqué par la sobriété de la décoration. La croisée du transept est dominée par une superbe coupole à pendentifs. Le choeur est décoré de chapiteaux aux motifs végétaux traditionnels dans l'architecture cistercienne primitive. Les chapiteaux de la nef sont en revanche plus frustes.

L'église possède la particularité d'être percée de trois oculi (petite fenêtre ronde) alignées, une sur la façace et deux sur la coupole. A chaque équinoxe ces oculi sont traversées par un rayon de soleil, matérialisant l'orientation symbolique de l'église vers l'Orient.

 

Le cloître 

Le cloître, de fonds roman, est décoré du XVe au XVIe siècle. Des colonnes richement sculptées supportent des voûtes compliquées. Dans la galerie nord, on trouve un magnifique siège abbatial en pierre. Aux angles se trouvent de belles portes flamoyantes du XVe et portes Renaissance du XVIe siècle. Autour du cloître se trouvent des bâtiments abbatiaux restaurés aux XVIIe siècle.

 

 

Le suaire de Cadouin 

Probablement entre 1201 et 1214 (date de la première mention du Suaire dans un acte de Simon de Montfort), l'abbaye entre en possession du "Suaire du Christ" et le conserve, durant plusieurs siècles. Cette relique insigne vaut à l'abbaye de Cadouin de devenir un lieu de pèlerinage important, sur le chemin de Compostelle.

Ce pèlerinage décline pendant les Guerres de religion mais est relancé en 1644, par la publication d'un procès-verbal d'authenticité de Mgr de Lingendes. Les abbés louis d'Arodes (1660-1666) et Pierre Mary (1666-1696) profitent de cette embellie, avant un déclin qui dure jusqu'à la Révolution et la dispersion des moines.

Le Saint-Suaire est sauvé de l'incendie par le maire de Cadouin, qui le cache sous son plancher, jusqu'à ce qu'il puisse être rendu au culte le 8 septembre 1797. Cependant, il ne fait l'objet que d'un pèlerinage paroissial jusqu'à ce que Mgr Dabert, évêque de Périgueux, le relance en 1866. Il connaît alors un regain de ferveur qui dure jusqu'en 1934.

À cette date, un historien jésuite démontrera l'inauthenticité de l'objet du fait de la présence de bandes décoratives ornées d'un texte. Il y relève une inscription en coufique, style d'écriture de l'alphabet arabe. Ouvert par la "fatiha", la profession de foi islamique, le texte indique ensuite que le voile fut tissé à l'époque de Al-Musta'li, calife de l'Egypte fatimide et de son vizir El Afdal, à l'extrême fin du XI7 siècle. Dès le lendemain de la publication de cette information, l'évêque de Périgueux annula le pèlerinage à Cadouin, au grand dam des caduniens et des nombreux pèlerins qui peuplaient Cadouin chaque année au mois de septembre pour la grande ostension annuelle de la relique.

 

Habituellement visible dans le cloître de l'abbaye, le suaire, exceptionnel tissu fatimide (un seul autre est connu), est parti en restauration à Périgueux. Un facsimilé est présenté au public depuis Mars 2012.

 

L'abbaye de Cadouin en video